Aller au contenu principal
eHealth
100

Pleins feux sur la cybersanté

5
4 Min.

«La frontière entre santé et maladie s’estompe»

Andrea Belliger est experte en cybersanté. Elle considère la Migros comme une actrice de la santé et pense que les assurances-maladie devraient être personnalisées.

«Voici 30 ans que je m’intéresse de près au virage numérique», déclare la professeure Andrea Belliger. Cette experte lucernoise est souvent sur les quatre chemins pour présenter des conférences sur le thème du numérique dans le système de la santé ou de l’eGovernment. Elle met ses vastes connaissances à la disposition de grandes entreprises suisses telles que la Migros ou Roche et fait partie de nombreuses instances influentes et conseils d’administration.

Quels changements constate-t-on dans le domaine de la santé?

Le système de la santé était jusqu’ici un système réglementé basé sur une approche descendante (top-down). Au cours de ces dernières années, la mise en réseau croissante a permis la naissance d’une sorte d’univers parallèle dans le domaine de la santé numérique, qui est soumis à de nouvelles règles du jeu. Dans le cadre de mes fréquents échanges avec les différents acteurs de la santé, des médecins aux caisses-maladie en passant par les représentants de l’industrie pharmaceutique, je constate que les esprits ne sont pas encore prêts pour la culture du réseau, caractérisée par une communication ouverte, de la transparence et une approche participative. De plus, de nouveaux acteurs issus d’horizons très différents sont discrètement venus se mêler au jeu. Je pense par exemple à la Migros, qui donne de nouvelles impulsions au travers de son initiative de santé.

La santé est un domaine vaste: hôpitaux, médecins, entreprises pharmaceutiques, patients… Par où commencer?

La transformation numérique dans le système de la santé est un processus de longue haleine. En Suisse, depuis une dizaine d’années, nous travaillons laborieusement à l’établissement d’une stratégie de cybersanté, qui vise à accroître la qualité et la sécurité dans le système de la santé, grâce à la mise en réseau technique des médecins, hôpitaux et pharmacies. Nous mettons tout en œuvre pour que les acteurs remplissent enfin les conditions nécessaires à l’échange de données électronique. Tous les processus du système de la santé de A à Z doivent être systématiquement repensés par rapport au numérique. Je songe par exemple à l’orientation vers un hôpital ou un médecin spécialiste, au renouvellement des ordonnances, aux demandes de certificat médical, aux consultations en ligne et à l’établissement de diagnostics en ligne. Finalement, le développement d’un nouvel état d’esprit dans le système de la santé en est l’enjeu. La mise en réseau croissante implique aussi une communication ouverte, de la transparence et une approche participative.

«Nous devons changer notre manière de voir les choses.»

Prof. Andrea Belliger (*1970), responsable de l’Institut für Kommunikation & Führung (IKF)


De quelle manière essayez-vous personnellement de moderniser le système de la santé en Suisse?

L’influence d’un individu isolé est naturellement très limitée. J’essaie par exemple de repenser la santé conjointement avec des entreprises et organisations innovantes. Medbase est un bon exemple. Cette organisation est devenue le plus grand réseau de soins de base ambulatoires en Suisse. C’est un modèle captivant, qui cherche à développer une nouvelle culture et une nouvelle vision sur une base commune et interdisciplinaire.

Quelles mesures concrètes pourrions-nous mettre en œuvre?

Je suis persuadée que tout changement dans le système de la santé, ainsi que dans d’autres branches d’ailleurs, ne s’appuie pas fondamentalement sur la technologie, mais sur une évolution culturelle. La technologie sert uniquement de catalyseur. Tant que tous les acteurs n’auront pas développé une vision commune d’un système de la santé en réseau et que l’on continuera de déléguer les questions en suspens à la technologie, les choses n’avanceront pas.

Nous devons susciter un changement d’état d’esprit. Le client en tant que bénéficiaire des prestations de santé doit donner une impulsion à cette nouvelle culture. Comme on le dit si bien: la ressource généralement la moins exploitée dans le système de la santé est le patient. Les entreprises du système de la santé doivent considérer leurs clients comme des partenaires. Or, souvent, ceux-ci ne sont pas pris au sérieux. De nombreuses organisations, pas seulement dans le système de santé, mais aussi dans les assurances ou les banques, sont encore très paternalistes. Et d’ailleurs c’est aussi le cas chez nous à l’université.

Accéder à l’interview complet (en allemand)

 

Source: «Handelszeitung»; questions de David Torcasso

5
4 Min.

Tu souhaites en apprendre davantage sur ton domaine thématique?