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Vacciner ou non?

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Le vaccino-scepticisme entraîne des flambées de rougeole

L’esprit alternatif et les modes de vie qu’il entraîne ont toute leur raison d’être aussi longtemps qu’ils ne mettent pas en danger les personnes de l’entourage. Ne pas se faire vacciner ou ne pas faire vacciner ses enfants contre une maladie mortelle est une décision qui peut avoir de graves conséquences et affecter d’autres personnes que celles de sa famille en raison de la diminution de l’immunité collective.

Le scepticisme à l’égard des vaccins a beaucoup augmenté ces dernières années, comme le montrent les chiffres actuels sur la rougeole:

  • En Europe, 41’000 personnes ont été infectées par le virus de la rougeole pendant le premier semestre 2018.
  • L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a documenté 37 décès.
95% de couverture vaccinale nécessaire

Ceux qui ne se font pas vacciner ou ne font pas vacciner leurs enfants contre la rougeole risquent non seulement de contracter la rougeole et de subir des conséquences graves, mais aussi de mettre en danger d’autres personnes. Une couverture vaccinale élevée est en effet essentielle pour protéger les catégories de la population ne pouvant pas être vaccinées, telles que:

  • les nourrissons;
  • les malades du cancer;
  • les personnes dont le système immunitaire est affaibli.

La rougeole a la réputation d’être une maladie infantile inoffensive. C’est une fausse idée qui peut être fatale. Les adultes peuvent aussi bien être atteints que les enfants, et la rougeole n’est absolument pas inoffensive.

La rougeole en Suisse

En 2018, 48 cas de rougeole avaient été signalés au 21 novembre 2018, soit une diminution de 54% par rapport aux 105 cas enregistrés en 2017 pour la même période. 84% des cas n’avaient pas été vaccinés ou l’avaient été de manière insuffisante. Dans 20% des cas, une hospitalisation a été nécessaire. Dans 5% des cas, une pneumonie a été diagnostiquée et dans 0,7% des cas (1 personne), une encéphalite est survenue.

Flambées de 2017

Les 13 flambées enregistrées en 2017 et les 6 autres observées l’année suivante comprenaient chacune entre 2 et 22 cas. Elles se sont produites dans 9 cantons différents, dont certains transfrontaliers. À Neuchâtel et dans le canton de Vaud par exemple, 8 jeunes enfants faisaient partie des personnes atteintes, dont un seul était vacciné. Dans d’autres cas, l’agent pathogène était venu de l’étranger et pour se propager ensuite dans les écoles et les crèches. Et si un tel cas se présente, il touche jusqu’à 90% des enfants ou des jeunes non vaccinés!


Les principales idées reçues au sujet de la rougeole

1. La rougeole est innofensive

Les personnes nées dans la première moitié des années 1960 ou avant sont très susceptibles d’avoir été en contact avec le virus de la rougeole. Comme elles ont elles-mêmes survécu à la rougeole, elles sont nombreuses à croire en tant que parents que cette maladie est inoffensive. Cette dernière commence à se manifester par de la toux et une inflammation des yeux, suivie de fièvre et de taches rouges sur le visage et l’ensemble du corps. Après quelques jours, les symptômes disparaissent. Dans environ 9 cas sur 10, la maladie ne s’aggrave pas et il n’y a pas de complications.

Mais cela ne veut pas dire pour autant que la rougeole est inoffensive. Il existe un risque de complications graves comme la pneumonie et l’encéphalite. Ce dernier cas se produit pour environ un enfant atteint de la rougeole sur 1000. Cette encéphalite de rougeole entraîne souvent des lésions cérébrales permanentes, voire la mort. La perte de l’ouïe peut également en être l’une des conséquences. Selon les estimations de l’OFSP, l’absence de vaccination serait responsable d’environ 70’000 cas de maladie par année en Suisse, avec 15 à 40 décès.

2. Le vaccin est risqué

Aucune vaccination n’est sans risque. Un vaccin «exerce» le système immunitaire, qui réagit par une réponse immunitaire plus ou moins violente. Avec la vaccination combinée contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR), la fièvre peut survenir après 5 à 12 jours pour une durée de 2 ou 3 jours. Une éruption temporaire est également possible. Par contre, les réactions graves comme la méningite sont beaucoup plus rares. Celle-ci survient dans environ un cas sur un million, soit une fréquence d’environ 1000 fois moins élevée que pour la maladie elle-même.

3. Avoir la rougeole fait grandir

«Ce qui ne tue pas, rend plus fort.» Certains opposants à la vaccination sont d’avis qu’une maladie infectieuse contre laquelle l’organisme de l’enfant a réussi à lutter est de nature à le renforcer. Certains parents pensent même que leurs enfants ont fait un saut dans leur développement après avoir traversé une maladie. Ils soutiennent que les maladies infantiles sont bénéfiques pour le développement normal des enfants et que les vaccinations retardent ce processus.

Jusqu’à présent, cependant, aucune étude scientifique n’a été en mesure de prouver que les enfants non vaccinés ont un avantage sur le développement mental ou physique par rapport aux enfants vaccinés. L’argument devient cynique au plus tard lorsqu’un enfant meurt d’une maladie contre laquelle il n’a pas été vacciné.

4. Les vaccins déclenchent les maladies contre lesquelles ils sont supposés protéger

Il s’agit d’un autre argument populaire des opposants au vaccin, qui est totalement faux. Il est vrai en revanche que certains vaccins (ceux qui contiennent des agents pathogènes vivants atténués) provoquent des symptômes semblables à ceux de la maladie. Le vaccin contre la rougeole en fait partie. Il contient un virus atténué, mais qui n’est plus capable de se multiplier.

C’est ce qui explique qu’environ 5% des personnes vaccinées présentent une éruption cutanée et de la fièvre après environ une semaine, ce qu’on appelle «la rougeole de vaccination». L’encéphalite de rougeole n’apparaît que dans des cas extrêmement exceptionnels, et souvent chez des personnes qui n’auraient pas dû être vaccinées du tout, par exemple en raison d’une maladie du système immunitaire.

5. L’immunité passive transmise par la mère est suffisante

Avant même la naissance, les femmes enceintes transfèrent des anticorps à l’enfant à naître par le biais de la circulation sanguine. Après la naissance, le bébé reçoit des anticorps avec le lait maternel. Cependant, cette protection dite passive ne s’applique pas à toutes les maladies infectieuses et, en outre, elle n’opère que pendant les premiers mois de la vie.

Dans le cas de la rougeole, l’allaitement ne joue pas le rôle d’immunité passive. Cependant, les anticorps déjà transférés dans l’utérus protègent le nourrisson contre la rougeole pendant un certain temps. La durée de cette protection pour les mères vaccinées contre la rougeole est jusqu’à six mois plus courte que pour celles qui ont elles-mêmes eu la rougeole. Dans ce cas, la durée maximale est de dix mois. Pour la diphtérie et le tétanos, par contre, l’immunité passive ne s’applique qu’aux mères qui ont été vaccinées contre ces maladies.

6. On peut tomber malade malgré le vaccin

La certitude absolue n’existe pas. Cela est aussi vrai pour les vaccinations. Aucun vaccin ne peut offrir une protection totale à l’ensemble des personnes vaccinées. La question cruciale est plutôt de savoir dans quelle mesure une vaccination peut réduire le risque statistique de maladie. L’efficacité de la vaccination contre la rougeole est très élevée: sur une population vaccinée, seules 2 à 3% des personnes tombent malades en moyenne. Sans vaccination, par contre, ce taux serait de 97 à 98%, car la rougeole est fortement contagieuse.

Pour que la vaccination contre la rougeole soit efficace, deux doses de vaccin doivent être administrées, car de nombreuses personnes ne répondent pas à la première vaccination et ne développent les anticorps contre les virus de la rougeole qu’après la deuxième dose. La première dose doit être administrée à l’âge de 12 mois, la deuxième entre 15 et 24 mois, mais au plus tôt un mois après la première.

 

Sources: OFSP, Watson, netdoctor.at

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